Q et R
Qu’avez-vous appris des consultations?
Les opinions et les commentaires que nous avons reçus de la part des partenaires autochtones et gouvernementaux, des intervenants et du grand public étaient généralement favorables. Les participants ont mentionné la nécessité de s’assurer que le programme d’élevage ne mette pas en danger les populations sources, que la santé et le bien-être des animaux en captivité soient protégés, et que les conditions écologiques de l’habitat du caribou soient préservées et puissent contribuer au programme. Les partenaires autochtones souhaitent collaborer à un certain nombre d’aspects du programme, étudier de possibles retombées économiques et s’assurer que le savoir et les protocoles autochtones soient intégrés au programme.
Parcs Canada a également reçu des commentaires de la part du gouvernement de l’Alberta, du gouvernement de la Colombie-Britannique et du Service canadien de la faune. Il a notamment été question de l’importance de ne pas mettre en péril le rétablissement d’autres populations régionales de caribous ainsi que de la nécessité de poursuivre les communications et la collaboration pour que le programme porte ses fruits.
Un rapport « Ce que nous avons entendu », qui résume la rétroaction reçue pendant le processus de consultation, est publié sur le site Web du parc national Jasper. Il est possible de consulter tous les documents se rapportant à l’évaluation d’impact détaillée sur le site Web du Registre canadien d’évaluation d’impact.
Qu’arrivera-t-il au caribou si Parcs Canada ne prend pas d’autres mesures à Jasper?
Sans notre aide, les hardes de la vallée Tonquin et de la Brazeau finiront par disparaître. Bien que l’habitat et les conditions actuelles dans le parc national de Jasper puissent soutenir des populations de caribous plus importantes, il n’y a pas assez de femelles reproductrices pour permettre la croissance des hardes.
Les petites hardes et les caribous individuels peuvent survivre pendant de nombreuses années. Certains caribous vivent jusqu’à 15 ans, mais si les hardes de caribous ne sont pas repeuplées, elles finiront par disparaître à l’échelle locale.
En quoi consiste l’élevage de conservation?
L’élevage de conservation est une technique de rétablissement des espèces qui suppose l’élevage d’une espèce sauvage en voie de disparition dans un environnement contrôlé en vue de prévenir son extinction. Un petit nombre d’animaux sauvages est capturé afin de procéder à de l’élevage en captivité; les petits sont ensuite relâchés dans la nature en vue d’augmenter la densité des populations.
Pourquoi Parcs Canada pense-t-il que l’élevage de conservation est la meilleure option pour aider le caribou à Jasper? Quelles sont les autres options qui ont été envisagées?
Un parc national est un espace unique et protégé, où les hardes de caribous peuvent avoir les meilleures chances de se rétablir et de survivre à long terme. Les spécialistes de la faune de Parcs Canada ont travaillé de concert avec des experts du gouvernement, des collectivités autochtones partenaires, des universitaires et des organismes de conservation des quatre coins de la planète pour comprendre le meilleur moyen de rétablir le caribou dans le parc national Jasper.
Sur la base de cette recherche et de cette collaboration, Parcs Canada est convaincu qu’un programme d’élevage de conservation et de mise en liberté est l’option qui a le plus de chances de réussite à Jasper. D’autres options ont été étudiées en détail, y compris l’absence d’intervention, la gestion des loups, la mise en enclos des femelles gestantes et le transfert d’individus d’une harde sauvage à une autre. Cependant, ces stratégies sont peu susceptibles de favoriser la croissance des populations de caribous à Jasper.
Pour obtenir de plus amples renseignements, cliquez ici.
Quelle est la différence entre l’élevage de conservation et la mise en enclos des femelles gestantes? Pourquoi ne pas utiliser la mise en enclos des femelles gestantes pour reconstituer les populations de caribous à Jasper?
La mise en enclos des femelles gestantes et l’élevage de conservation sont des outils utilisés pour aider les espèces en péril.
L’objectif de la mise en enclos des femelles gestantes est d’aider un plus grand nombre de petits à survivre. Les femelles gestantes sont capturées dans la nature à la fin de l’hiver et sont mises dans un enclos temporaire pendant de quatre à huit semaines. Pendant cette période, des petits naissent et vivent leurs premières semaines de vie à l’abri des prédateurs. Cependant, les femelles et les petits sont ensuite mis en liberté au printemps, lorsque les petits ont un ou deux mois.
À Jasper, le taux de survie des petits est relativement élevé — ils ne sont tout simplement pas assez nombreux. La mise en enclos des femelles gestantes serait difficile à réaliser en raison du faible nombre de femelles dans les hardes de la vallée Tonquin et de la Brazeau. Il pourrait être risqué de capturer de manière répétée toutes les femelles gestantes chaque année, et il se pourrait que seulement un ou deux petits supplémentaires survivent chaque année. En outre, il serait impossible de faire naître suffisamment de petits pour les introduire dans les aires où le caribou a disparu. Dans ce cas, les risques sont plus importants que les avantages.
Quant à l’objectif de l’élevage de conservation, il consiste à ajouter rapidement des individus dans une population. Plusieurs mâles et femelles sont capturés dans la nature et sont gardés en captivité pour former une harde d’élevage en captivité. Chaque année, les petits nés dans cette harde d’élevage sont mis en liberté afin qu’ils puissent intégrer une harde sauvage. Cette situation se répète jusqu’à ce que la population atteigne une taille lui permettant d’assurer sa survie.
Existe-t-il des exemples de programmes d’élevage de caribous ailleurs?
Les programmes d’élevage de conservation visant à rétablir les espèces en péril ont fait leurs preuves dans le monde entier. Au sein de Parcs Canada, des projets d’élevage de conservation ont été mis en œuvre dans les parcs nationaux de Fundy, des Prairies, de Wood Buffalo, de Prince Albert et de Banff pour des animaux tels que le saumon de l’Atlantique, le putois d’Amérique, la grue blanche, le renard véloce et le bison des plaines.
Les techniques utilisées dans le programme de conservation du caribou proposé ont fait l’objet de recherches et ont été documentées et mises en œuvre dans différentes institutions de partout en Amérique du Nord et en Europe. Cependant, il s’agira du premier programme en ce genre pour le caribou au Canada.
TIl existe des exemples de difficultés et de réussites en lien avec la capture, la reproduction et l’élevage de caribous, le déplacement de caribous d’un endroit à un autre et l’introduction d’individus dans une nouvelle harde. Par exemple, des caribous ont été élevés au zoo de Calgary/à l’institut Wilder (en anglais) en Alberta, au zoo de Saint-Félicien et Charlevoix au Québec, et à la R.G. White Large Animal Research Station (en anglais) en Alaska. Il existe également des exemples de projets de mise en enclos des femelles gestantes, comme l’enclos de maternité pour la harde de caribous de Klinse-Za (en anglais), le projet de la société Revelstoke Caribou Rearing in the Wild (en anglais) et le projet d’enclos de maternité d’Arrow Lakes (en anglais), en Colombie-Britannique, ainsi que le projet d’enclos de maternité pour la harde de caribous de la Chisana, au Yukon. Il existe des exemples d’enclos ou de grandes aires clôturées pour les caribous dans le parc national des Grands-Jardins, au Québec, et le Baxter State Park, dans le Maine. Il existe aussi des exemples de transplantations ou de sauvetages concernant les hardes de caribous de la Sustut, de Telkwa, du sud de la chaîne Selkirk, du sud de la chaîne Purcell et du nord de la chaîne Columbia, en Colombie-Britannique.
Pour obtenir de plus amples renseignements, cliquez ici.
Où sera situé le centre d’élevage de conservation?
Le centre d’élevage de conservation sera situé dans le parc national Jasper, à environ 30 km au sud de la ville de Jasper. Le site se trouve en bordure du chemin coupe-feu Geraldine, accessible par la route 93A et utilisée par les visiteurs du secteur des lacs Geraldine et de la vallée Fryatt. Les chutes Athabasca se trouvent à quelques kilomètres au sud de l’emplacement du centre d’élevage de conservation.
Quand commencera la construction du nouveau centre d’élevage?
Parcs Canada compte commencer la construction du centre d’élevage de conservation en 2023. Étant donné l’emplacement du site et les restrictions saisonnières, la construction du centre d’élevage se déroulera sur une période de deux à trois ans.
Le centre d’élevage de caribous sera-t-il ouvert au public?
Le centre d’élevage de caribous ne sera pas ouvert au public. La priorité de Parcs Canada est de protéger la santé et le bien-être des individus dont nous avons la charge. L’accès au centre serait limité au personnel et occasionnellement à des spécialistes, des chercheurs ou des partenaires autochtones.
Ce programme entraînera-t-il des fermetures de sentiers de randonnée pédestre, de terrains de camping ou d’autres secteurs?
Il y aura probablement des fermetures temporaires et de courte durée causées par le programme d’élevage de conservation. Ainsi, la construction du centre d’élevage entraînera probablement des retards ou des fermetures sur la route Geraldine pour des raisons de sécurité, et il pourrait y avoir des fermetures temporaires là où les jeunes caribous seront mis en liberté dans la vallée Tonquin.
Les fermetures saisonnières dans l’habitat du caribou en hiver demeureront en vigueur. Dans le parc national Jasper, le caribou et son habitat sont protégés en vertu de la Loi sur les parcs nationaux du Canada et de la Loi sur les espèces en péril.
Combien de caribous seraient gardés en captivité et pendant combien de temps?
Parcs Canada pourrait commencer à emmener des caribous sauvages dans un centre d’élevage de conservation du parc national Jasper en 2025 au plus tôt. Parcs Canada capturerait des caribous pour les amener au centre pendant plusieurs années, dans le but de former une harde d’élevage comptant de 30 à 40 femelles reproductrices, et ce, selon une capacité maximale de 100 à 120 mâles, femelles et petits.
Certains des individus resteraient en captivité pendant toute la durée du programme, tandis que d’autres seraient mis en liberté, selon ce qui convient le mieux à chacun d’eux. La plupart des mâles nés en captivité chaque année seraient mis en liberté pour qu’ils s’intègrent à la harde de la vallée Tonquin après environ dix mois de vie, tandis que la plupart des femelles nées en captivité chaque année seraient mises en liberté pour qu’elles s’intègrent à la harde de la vallée Tonquin après environ 15 mois de vie et que certaines d’entre elles demeureraient dans la harde d’élevage. Il est possible que jusqu'à 35 à 38 petits puissent naître en captivité chaque année.
Pour obtenir de plus amples renseignements, cliquez ici.
Quel est le principal objectif de ce programme? À quoi ressemble le succès de celui-ci?
L’objectif initial consiste à repeupler la harde de la vallée Tonquin jusqu’à ce que l’effectif atteigne 200 individus dans un délai de cinq à dix ans après la mise en liberté des premiers caribous. Un programme réussi garantirait la santé et le bien-être des individus participant au programme et favoriserait la croissance et la durabilité de la harde de la vallée Tonquin.
En s’appuyant sur l’expérience et les résultats en lien avec la harde de la vallée Tonquin, Parcs Canada envisagerait de mettre en liberté des individus pour qu’ils s’intègrent aux hardes de la Brazeau et de la Maligne afin d’atteindre des populations de 300 à 400 caribous dans le parc national Jasper.
Le programme comporte-t-il une fin prévue?
Il s’agit d’un programme à long terme, mais pas permanent. Un centre d’élevage sera construit, mais un plan sera élaboré pour sa mise hors service ainsi que pour remettre le site dans son état naturel. Il est trop tôt pour déterminer exactement quand ce point final sera atteint.
Si la technique est efficace, il existe plusieurs options pour la fin du programme. Si la santé et le bien-être des individus participant au programme étaient compromis ou si la technique ne permettait pas de faire croître la harde de la vallée Tonquin, le programme prendrait fin.
Le programme sera évalué périodiquement par rapport aux principaux jalons. Par exemple, après quelques libérations de caribous dans une harde sauvage, une fois que la harde de la vallée Tonquin aura atteint 200 individus ou une fois que la population de la harde de la Brazeau ou de la Maligne aura atteint une taille lui permettant d’assurer sa survie.
Combien peut coûter un tel programme?
Par l’intermédiaire de l’initiative Patrimoine naturel, le gouvernement du Canada a investi 24 millions de dollars afin de favoriser le rétablissement du caribou dans le parc national Jasper. Les estimations de coûts s’appliquant au programme d’élevage de conservation seront peaufinées et mises à jour une fois que le contrat de construction aura été accordé et que l’exercice de planification sera bien entamé. Ces coûts devraient augmenter si l’on tient compte de la hausse rapide du coût des matériaux, de l’inflation, de la pénurie de main-d’œuvre et des difficultés liées à la chaîne d’approvisionnement.
Pour en savoir plus, cliquez ici.
Quelles sont les conséquences des changements climatiques sur le rétablissement du caribou?
Les conséquences des changements climatiques figurent en tête de liste des menaces pour de nombreuses espèces en péril dans le parc national Jasper. Bien que les scientifiques tentent de prévoir les répercussions des changements climatiques, nous ne pouvons pas prédire en détail comment les espèces s’adapteront à ces changements, ni comment ces changements se répercuteront sur les écosystèmes. En collaboration avec des peuples autochtones et des universitaires, Parcs Canada mène dans ses aires protégées des recherches importantes qui nous aident à mieux comprendre les répercussions actuelles et futures des changements climatiques.
Si les zones protégées ont tendance à être plus résistantes aux changements climatiques, ces derniers peuvent néanmoins affecter le caribou et son habitat. Les caribous ont évolué pour vivre dans des climats plus frais et s’adaptent aux hivers froids et enneigés. Les changements dans les cycles saisonniers, les saisons de croissance et les chutes de neige pourraient avoir une incidence sur la disponibilité de la nourriture et l’habitat. Les changements climatiques pourraient réduire les habitats alpins et augmenter l’activité des avalanches. Des feux de forêt plus fréquents et des épidémies d’insectes forestiers pourraient entraîner la perte d’habitat pour le caribou ou des changements d’habitat qui se traduiraient par une augmentation des populations de cerfs, de wapitis, d’orignaux et de loups. Le réchauffement des températures pourrait également entraîner des conditions plus favorables aux maladies et aux parasites qui affectent le caribou. Parcs Canada mène des recherches actives et surveille la faune et l’habitat à Jasper afin de mieux comprendre les répercussions possibles des changements climatiques sur le caribou et de nous aider à adapter nos efforts de rétablissement au fil du temps.